La Tellectuelle, acte IV, scène VII
>> dimanche 19 mai 2013
Au voleur ! au voleur ! à l'assassin ! au meurtrier !
Justice, juste Ciel ! je suis perdue, je suis assassinée, on m'a
coupé la gorge, on m'a dérobé mon cerveau.
Qui peut-ce
être ? Qu'est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ? Que
ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ?
N'est-il point là ? N'est-il point ici ?
Qui est-ce ? Arrête.
Rends-moi mon cerveau, coquin. (Elle se prend elle-même le bras.)
Ah ! c'est moi.
Mon esprit est troublé, et j'ignore où je
suis, qui je suis, et ce que je fais.
Hélas! mon pauvre cerveau, mon pauvre cerveau, mon cher ami ! on m'a privée de toi;
et puisque tu m'es enlevé, j'ai perdu mon support, ma
consolation, ma joie; tout est Fini pour moi, et je n'ai plus que
faire au monde: sans toi, il m'est impossible de vivre. C'en est
fait, je n'en puis plus; je me meurs, je suis morte, je suis
enterrée.
N'y a-t-il personne qui veuille me ressusciter, en me
rendant mon cher cerveau, ou en m'apprenant qui l'a pris ?
Euh ? que
dites-vous ? Ce n'est personne.
Il faut, qui que ce soit qui ait
fait le coup, qu'avec beaucoup de soin on ait épié l'heure;
et l'on a choisi justement le temps que je terminais ma fiche sur les finances locales.
Sortons. Je veux aller quérir la justice,
et faire donner la question à toute la maison: à servantes,
à valets, à fils, à fille, et à moi aussi. Que de
gens assemblés ! Je ne jette mes regards sur personne qui ne me
donne des soupçons, et tout me semble mon voleur.
Eh! de quoi
est-ce qu'on parle là ? De celui qui m'a dérobé ? Quel
bruit fait-on là-haut ? Est-ce mon voleur qui y est ? De
grâce, si l'on sait des nouvelles de mon voleur, je supplie
que l'on m'en dise.
N'est-il point caché là parmi vous ?
Ils
me regardent tous, et se mettent à rire. Vous verrez qu'ils
ont part sans doute au vol que l'on m'a fait. Allons vite, des
commissaires, des archers, des prévôts, des juges, des
gênes, des potences et des bourreaux.
Je veux faire pendre
tout le monde; et si je ne retrouve mon cerveau, je me pendrai
moi-même après.
Totalement pompé sur l'Avare de Molière
T'façons, j'ai plus de cerveau, j'pouvais pas faire mieux.
1 contributions extrêmement pertinentes:
Ton article m'a permis de me rendre compte que je connais encore cette scène presque par coeur... Finalement ma mémoire n'est pas si défaillante faut croire !
Enregistrer un commentaire